Kimitomo est un homme assez grand, très pâle de peau, aux cheveux noirs, au visage agréable, quoique le regard vide n’a pas de quoi rassurer. Il a souvent un rictus aux lèvres qui lui donne des intentions dangereuses, voir diaboliques.

Il est très maigre. Quand il se met des vêtements sur le dos ceux-ci sont soit sales, froissés ou trop grand d’une taille ou deux. Il faut dire que cela fait longtemps qu’il n’a pas fait les boutiques.

Il fume, consomme drogue et alcool. Il oublie de se nourrir, de se laver, de s’habiller parfois. Il n’a plus de respect pour lui-même. Un type vraiment pas bien dans sa peau mais qui joue les paons et les rebelles trop heureux d’être en marge de la société.

Il a de nombreuses cicatrices provenant de coupure nettes, plus ou moins profonde sur les avant-bras. Il boite légèrement de la jambe gauche à cause de son accident il y a six mois. Sans compter un grand nombre d’ecchymoses au nombre de fois qu’il se cogne ou tombe.

Un junkie, une épave, un cochon incapable de s’occuper de lui-même ou de ramasser même une serviette de bain. Bref, une créature honteuse qu’il vaut mieux cacher. Non, plus… qu’on voudrait voir effacer de la ville, et peut-être même du pays ou de l’existence…

Kimi est un jeune homme qui semble avoir cessé sa maturation émotionnelle et mentale à seize ou dix-sept ans. Il est chaotique un jour, léthargique un autre et finalement complètement cinglé le troisième. Instable, il est dangereux pour lui-même et les autres.

Si on soulève le voile noir qu’il a jeté sur sa personnalité, on peut découvrir un jeune homme meurtri, sensible et traumatisé. Quelqu’un qui a souffert et qui s’est fabriqué une armure repoussante. Au lieu de faire face à son existence qu’il déteste, il s’est noyé dans la drogue.

C’est aujourd’hui une personne complètement détruite et qui serait incapable de se reconstruire à moins d’un miracle. Il est capable du pire et il le fait : cherchant la mort, la courtisant jour après jour. Pourquoi vivre?

Le seul moment où il semble être animé, c’est lorsqu’il confronte sa mère : il se rebelle, l’insulte, cherchant par tous les moyens à la provoquer. Sinon, il reste chez lui, sans sortir, se faisant livrer ses repas. Il sort rarement et uniquement pour se procurer sa dose, quoiqu’il se fait livrer aussi. Son habitation n’a pas dû voir la lumière du jour depuis longtemps, et lui n’en plus d’ailleurs.

Kimitomo est né dans une famille aisée de par la position professionnelle de son père. Un homme important. Il a donc eu une enfance banale mais facile, allant dans les bonnes écoles, avec des vêtements neufs griffés et les cadeaux qu’il voulait en grand nombre.

Malheureusement la relation entre son père et sa mère n’était pas… très tendre. Son père était un homme patient, gentil et amoureux, mais sa femme : une femme libertine et violente. Elle le menaçait de scandale, de le quitter et d’emmener leur fils. Alors il la laissait libre de faire ce qu’elle voulait. Elle était infidèle et ne le niait même pas.

Au décès de son père, Kimitomo reçut un héritage conséquent, même si il ne pourrait y avoir accès avant ses dix-huit ans. Sa mère joua les veuves dévastée, mais une fois à la maison, elle avait les yeux secs. Elle ouvrit les portes de la maison à ses amants. Kimi et sa mère se disputaient souvent. Elle l’envoya en pension et, comme elle l’avait toujours fait depuis qu’il était tout petit, l’ignorait.

Il y avait bien sûr Ronan, le chauffeur, qui était gentil et toujours là au bon moment pour Kimi, en quelque sorte comme un père de substitution… mais c’était juste le chauffeur, surtout au service de sa « folle » de mère… et en plus, Kimitomo était persuadé qu’il était -ou avait été- l’amant de sa mère du vivant de son père alors, il ne l’aimait pas beaucoup.

Il n’était pas un élève très appliqué. En fait, il semblait faire exprès d’échouer et de se faire coller pour avoir séché les cours ou fumé des cigarettes, quand ce n’était pas pour bagarre. Sa mère lui faisait toujours une scène et cela l’amusait. C’était un jeu : il montait toujours d’un cran ses bêtises, pour voir si sa mère allait un jour faire vraiment attention à lui. Mais rien, elle l’abandonnait toujours.

À peine adulte, sa mère lui montra presque la porte en lui disant que chacun avait le droit à son intimité. La belle affaire! Plutôt qu’elle détestait croiser son fils lorsqu’elle était accompagnée d’un homme. Les présentations étaient pénibles et il y avait toujours des questions embarrassantes.

Si Kimitomo détestait l’idée que la maison de son père soit à cette femme, il ne voulait plus être témoin du manque de loyauté et de respect de celle-ci pour lui. Sans vraiment y avoir un contrat ou une entente entre eux, sa mère lui faisait parvenir une petite pension pour qu’il garde ses distances, mais peut-être aussi parce qu’elle était sa mère. Ce n’était pas tant qu’il en avait de besoin, il avait l’héritage de son père, mais en étant sans emploi…

Kimi s’abandonna alors à la déchéance. Il consommait déjà avec quelques voyous et amis, mais maintenant qu’il avait son propre penthouse, il pouvait laisser trainer ses poisons partout et se laisser aller à souhaiter la mort. Son père avait été malheureux toute sa vie, du moins dans tous les souvenirs qu’il en avait gardé. Sa mère avait été cruelle, déloyale et violente, même encore aujourd’hui. À croire qu’elle tombait toujours plus bas, mais Kimi préférait la haïr sans chercher pourquoi elle était comme ça.

Il était malheureux, ne connaissait pas l’amour. Il consommait de la cocaïne et d’autres drogues fortes, il s’auto-mutilait et se détruisait de toutes les manières possibles. Un jour, il s’était réveillé à l’hôpital, la jambe fracturée : il avait été trouvé par un des livreurs réguliers du restaurant où il commandait. Kimi n’avait rien commandé depuis deux jours, alors il était passé voir. Sinon, sans doute qu’il y serait encore, mort sans doute, dans le noir sans personne pour le remarquer : mort de faim ou de sa blessure, qui n’était même pas létale…

Informée de l’évènement, sa mère fit alors quelque chose d’incroyable, elle lui acheta un esclave : « comme ça il y aura quelqu’un pour te ramasser ou bien pour nettoyer ce dépotoir qui te sert d’habitation. »