☆ Caïn sortit de la douche brûlante qu'il venait de prendre. L'eau le rassérénait et l'aidait à faire le vide dans sa tête. Alors qu'il frottait ses cheveux foncés, une goutte tomba d'une mèche pour venir s'écraser entre ses sourcils très masculins. Ils étaient de la même couleur que sa tignasse qui lui tombait devant les yeux : bruns avec de forts reflets auburns. D'aucun pouvait penser à une modification génétique mais il n'en était rien, Caïn avait hérité de ce patrimoine génétique de sa mère étrangère. La goutte d'eau, en glissant, grossie et, entraînée par la gravité, virevolta sur son nez long mais peu pointu. Quelques consoeurs l'accompagnèrent depuis ses joues, légèrement creusée par la faim.

Le voyage continua le long de sa mâchoire carrée et sur son menton prononcé. Ses lèvres, peu charnues, n'étaient pas invisibles pour autant. Caïn avait un visage saillant et des yeux d'un bleu assez clair qu'il cachait derrière des mèches rebelles. Son corps pâle était sec et chaque gouttelette qui avait évité l'absorption par la serviette de bain, roulèrent lentement entre tout les reliefs que présentaient son dos et son torse. Les muscles devenaient visibles à chaque mouvement, chaque contraction, tout comme les cicatrices dans son dos. Le chemin s'arrêta au point central de son anatomie, laissant les gouttes mourir d'elles-mêmes après ce périple vertigineux.

Caïn est assez grand mais ne connait pas exactement sa taille, se disant qu'il dépassait le mètre quatre-vingt cinq mais faisait en dessous du mètre quatre-vingt-dix.

[256 mots]

☆ Caïn est discret et n'apprécie pas se montrer particulièrement. Il n'aime pas être mis en avant ou montré du doigt que ce soit pour féliciter un exploit ou désigner un échec de sa part. Il préfère une vie simple, sans vague, sans artifice mais les choses sont rarement telles quelles. Il remercie chaque jour le ciel de ne pas être Hybride, car à ses yeux ça l'aurait mis un peu plus dans l'embarras.
L'humain n'est ni timide, ni extraverti, juste un savant mélange des deux. Peu loquace, il répond lorsqu'on lui fait la conversation et a quelques fois, une petite curiosité quant à ce qu'il ne connait pas. Soucieux cependant de où est sa place et ses manières sociales -encore plus depuis qu'il est devenu esclave- il ne se risque pas à interroger les personnes qui l'entoure. Ce n'est pas quelqu'un de violent, il peu paraître froid voir antisocial, mais au fond, c'est un bon gars il faut simplement apprendre à le connaître.

Sa condition ayant changée, plusieurs choses se sont révélées. Une part de sa personnalité a mûri et il s'est découvert un instinct de survie hors norme. Il se savait quelque peu fort mais pour le coup, il réussit plusieurs fois a avoir assez de courage pour déplacer des montagnes, dans le but de protéger sa vie. Une autre part cependant s'est brisée, comme si le petit enfant qu'il fut un jour disparut pour toujours. L'innocence et la joie se sont volatilisés, comprenant que les mâchoires acérées de la société venant de le sectionner en deux. Constant bien fataliste en un sens, mais pour le moment, c'est la réalité de Caïn aujourd'hui.

Dans sa tête, ainsi, ça réfléchit beaucoup. Entre ce qu'il peut faire, ce qu'il a à se prouver et les différentes trahisons qu'il a subit, il s'attend à tout. Raison de plus pour ne pas qu'on le remarque, pour qu'on lui fiche la paix, pour qu'on le laisse vivre. Que cette colère qu'il a au fond de lui, lui serve de moteur pour lutter encore et encore. Que cette fuite qu'il a réussit à engendrer, soit sa porte de sortie pour une liberté bientôt chérie. Il ne veut pas se laisser abattre, il veut rester déterminé. Si sa vie doit être un combat, il ne veut jamais abandonné.

[412 mots]

« Mon petit... mon tout petit... »

Les larmes d'Eleanor s'écrasaient lourdement sur son fils qui n'avait que quelques semaines. Elle tenait son bébé dans ses bras tout en sachant que c'était la dernière fois. Chaque baiser qu'elle apposait sur ses joues, faisait ouvrir grand les yeux bleus et éclatant de cet être. William entra dans la chambre.

« Ma fille, il est temps. J'ai prévu de grandes choses pour toi. Et bien meilleures... »

Des bonnes vinrent prendre l'enfant des bras de la jeune mère qui hurlait à la mort, suppliant qu'on le lui rende, pourtant incapable de quitter le lit. Caïn se mit à pleurer, agaçant William, son propre grand-père qui le méprisa quand il fut à sa portée.

« Ne fais pas l'enfant ! »

Lorsque la porte se ferma, on n'entendit plus les cris d'Eleanor, ni les pleurs du bébé. Ce dernier se réfugia dans la paire de bras qui le portaient, exultant toute cette charge émotionnelle qu'il subit.

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Eleanor. Voilà tout ce que Caïn connaissait de sa mère. Il n'avait même pas une photo entière d'elle. L'image était petite et le haut avait été piqueté de rouille. Il fallut couper le papier pour ne pas que la gangrène mange le reste du cliché ainsi il ne pouvait s'imprégner que de la longueur de ses cheveux qu'il devinait coiffés, et de son doux sourire.

Il fut élevé par son père Takaba Saito à MS-Town, au coeur du Japon. Eleanor fut une rencontre à l'occasion d'un voyage d'affaire avec qui il avait pensé faire sa vie mais William, son beau-père, ne fut pas de cette avis. Et l'enfant n'engagea pas le mariage. Tout ce dont il avait du se réjouir, fut qu'on ne tua pas le bébé mais qu'on le lui rendit. De ce fait il l'éleva, malgré la peine qu'il éprouvait, pour qu'il soit un résident parfait pour l'endroit. D'un milieu modeste, Caïn fréquenta d'abord une école privée quand il apprit à lire et à écrire, puis bascula sur une école publique les années d'après. Il était bon à l'école, se maintenant dans les matières qu'il n'aimait pas et explosant les scores là où il était passionné. Etrangement, ce fut la gestion et l'organisation. C'était un gamin doué là-dedans. Physiquement, il performait aux activités basées sur la force et non l'endurance. D'un naturel assez taciturne, il se fit quand même quelques amis qu'il garda un moment, à peu près jusqu'à la faillite de son père.

Le jeune homme avait vingt ans à l'époque. Ce temps qui lui paraissait si loin maintenant...
A la fin de son cour de boxe, il rappela son père qui avait tenté de le joindre à plusieurs reprise : il devait rentrer d'urgence. A la maison, l'ambiance était dramatique, Takaba pleurait une liasse de papiers à la main. Demandant ce qu'il se passait, Caïn attrapa les feuilles et parcouru les nombreuses lignes présentant des déficits, des crédits et enfin le tampon rouge tant redouté des chefs d'entreprises. C'était la banqueroute, ni plus ni moins. Tous les investisseurs se retiraient et il avait des dettes car ils exigeaient, en plus des remboursement.

Trois hommes habillés de costumes noirs sortirent d'une pièce annexe. Ils attrapèrent Caïn par les bras en lui ordonnant de ne pas bouger et de coopérer. La scène se répétait mais dans un autre sens. Ce fut maintenant l'enfant qui hurlait pour qu'on lui explique, pour qu'on le laisse là, pour qu'il puisse rester et aider son père, mais il n'eut aucune réponse si ce n'était le regard coupable de Takaba. Qu'avait-il fait ?

Le jeune homme le su bien vite : il avait été vendu. On le laissa terminer son année scolaire non sans le menacer de ne meme pas penser à s’enfuir. Pour ce faire on lui attacha un bracelet électronique incassable à la cheville le temps de. Si par malheur il arriverait à le sectionner malgré tout, celui-ci exploserait, réduisant son pied et sa jambe en lambeaux. Le propriétaire ne lésinait pas sur les moyens car la plu-valu était réelle. Et puis c'était dans le contrat qu'avait signé son géniteur. Voilà ce qu'était devenu son père pour lui, un simple procréateur sans aucune âme. Lui qui avait des discours anti-esclavagisme... il n'était qu'un menteur oisif.  
Une fois ses examens terminés, il fut officiellement mis en vente dans le refuge qui l'avait acheté. Le tenancier le mis à l'épreuve pour se rendre compte de ce qu'il valait et renseigner ses capacités intellectuelles et physiques. Il ne traitait pas mal sa marchandise mais il n'était pas forcément le meilleur non plus. Il n'abîmait aucun corps cependant, s'il avait la possibilité de les faire travailler en attendant qu'ils soient vendus, ce n'était pas de refus.

Caïn ne fut pas vendu immédiatement. Malgré sa force et sa vigueur, il y avait mieux chez ce professionnel de la vente d'esclave. Et puis taciturne comme il était, il savait se fondre pour ne pas qu'on le remarque. Un beau jour, lors d'une exposition sur une agora publique, il y eut un mouvement de foule. Deux esclaves, qui visiblement attendait ce moment, sortirent un outil qui leur permis de se libérer, faisant profiter de cette chance à Caïn qui était dans le même groupe qu'eux à cet instant. Sous l'adrénaline, il suivit le duo en courant à toutes jambes malgré ses muscles endoloris et son souffle court.

Il erra avec eux quelques mois comme ça à survivre de tout et de rien, à se cacher, à se faire passer pour mort même parfois. Mais ses coéquipiers n'étaient pas vraiment amicaux avec lui et bien qu'il se défendit, ils n'hésitèrent pas à lui faire payer un prix qu'il n'avait pourtant pas à subir, par la douleur et le sang. Son dos fut maculé d'incisions et plus tard, de cicatrices, indiquant qu'il fut mutilé certainement contre son gré. Il su, à partir de ce moment là, que c'était le moment pour lui de partir et de faire bande à part. Il prit alors les maigres affaires qu'il avait réussit à grappiller pendant sa cavale et se mit à fuir une seconde fois, au beau milieu de la nuit cette fois-ci.

Caïn vivait cette situation depuis quelques mois. Il savait que ça n'allait pas duré et que son patron cherchait de manière active ces bagnards. A la fin du printemps de cette année, l'un de ses deux anciens acolytes se fit capturer et on lui remit les fers. Il le sentait : sa fin était proche.
Il pensait de plus en plus à quitter son squat qu'il habitait dans les bas-fonds, il devenait paranoïaque, agressif et il dormait mal car toujours sur le qui-vive. Qu'allait-il advenir de lui ? Il ne pouvait même pas retourner chez son père, ce dernier ayant déserté jusqu'à la ville, d'après les informations qu'il avait obtenu.

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Chronologie explicite :
novembre 2043 (19 ans) : vendu comme esclave
juillet 2044 (20 ans) : diplôme obtenu, mise en vente officielle
novembre 2044 (21 ans) : fuite
janvier 2045 : quitte ses deux compagnons
mars 2045 : l'un de ses deux anciens compagnons se fait attraper